L’engouement est planétaire et se renforce de jour en jour, même dans des régions où, a priori, les montres « usagées » étaient jusque-là superbement ignorées comme en Asie. À l’instar du service après-vente, le constat est mathématique autant qu’implacable : « Chaque année, il se vend pour environ 50 milliards de dollars de montres au prix de détail, résume Danny Govberg, cofondateur et CEO de WatchBox, premier acteur mondial du marché de la montre de seconde main certifiée ou « certified pre-owned ». Cela veut dire que dans 10 ans il y aura pour 500 milliards de dollars de montres d’occasion potentiellement prêtes à être revendues… » Autrement dit, aucune crainte à avoir du côté de l’offre. Et comme la demande est en train de se réveiller, notamment auprès des jeunes qui observent les distorsions de marché avec de plus en plus de circonspection, il y a tout lieu de prédire un avenir radieux à ce segment horloger. Selon les estimations, celui-ci connaît actuellement une croissance comprise entre 5 et 10 % qui devrait lui permettre à très court terme de faire jeu égal avec le marché du neuf.
Prix fixes en question
En termes de distorsions, impossible en effet de ne pas observer les affres que connaissent ou ont connues certains acteurs de la branche qui se sont traduites par une accumulation de stocks. Des stocks qui, dans certains cas, sont rachetés à coups de millions pour être détruits voire recyclés mais qui terminent également comme combustible de base du marché gris. Cette évolution n’est pas passée inaperçue aux yeux de James Dowling, collectionneur et expert reconnu, venu partager son expérience à la Dubai Watch Week : « Ce qui se passe aujourd’hui me rappelle l’époque de la crise du quartz. L’arrivée des montres électroniques a certes joué un rôle dans les énormes difficultés qu’a connues l’horlogerie suisse pendant une décennie. Il y a toutefois un autre facteur à prendre en compte et dont on parle peu, à savoir la décision du Président Richard Nixon en 1971 de mettre fin au système de Bretton Woods, donc à celui des taux de change fixes au profit d’un dollar flottant. Résultat : du jour au lendemain, les montres suisses sont devenues inabordables aux États-Unis, un marché essentiel pour les Maisons helvétiques. C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui : les montres n’ont plus de prix fixes. Ceux-ci sont déterminés par le marché et non plus par les manufactures ! »