Le coup d’arrêt a été brutal. Dès le 16 mars en Suisse, commerces et entreprises ont dû mettre la clé sous le paillasson, obéissant aux directives gouvernementales contre la propagation du coronavirus. Déjà impactées par une baisse des ventes en Asie, les manufactures horlogères ont été contraintes de tirer la prise - littéralement - pour une durée indéterminée. Une première dans l’histoire moderne de cette industrie. À l’heure où toute la « planète horlogère » aurait dû frémir de bonheur en présentant ses nouveautés 2020, elle a vu ses grands rendez-vous mondiaux annulés les uns après les autres, à commencer par Watches & Wonders et Baselworld. Si les observateurs prédisent déjà que cette crise va faire durablement évoluer les modes de consommation - le luxe responsable et le seconde main devraient voir leur succès progresser -, un phénomène va à coup sûr s’accélérer : la numérisation. En témoignent les quelques initiatives prises au cœur de la tempête par les marques aussi bien que par les organisateurs d’événements.
Sursaut inattendu
Les chiffres des exportations du mois de mars (- 22 % en valeur ; - 43 % en volume), communiqués par la Fédération horlogère suisse il y a quelques jours, reflètent l’état du marché mondial. Et les statistiques d’avril promettent d’être encore pires. Selon une étude du cabinet de conseil Boston Consulting Group, les ventes dans le secteur du luxe pourraient plonger de 65 à 80 % sur mars et avril 2020. Passablement de marques ont par ailleurs renoncé à lancer leurs nouveautés ce printemps, attendant probablement des jours meilleurs.