L’étanchéité des montres-bracelets réalisées au début du xx^e siècle a représenté une avancée technique de toute première importance. En rendant les boîtiers imperméables à toute infiltration d’eau, notamment grâce à de nouveaux joints et une couronne vissée, les horlogers ont également résolu le problème des poussières qui encrassaient les mécanismes. Depuis, les montres de plongée n’ont cessé de connaître de multiples développements, capables désormais de résister à des profondeurs extrêmes pour les modèles professionnels et volontiers considérées comme l’archétype de la montre mécanique fiable et robuste, en un mot adaptée en toutes circonstances. Et comme ces aptitudes relèvent de caractéristiques vitales lorsque ces montres sont précisément utilisées comme « instruments » de plongée, elles ont fait l’objet d’une norme depuis 1982 : la norme ISO 6425, actualisée en 1996, puis en 2018. Parmi ses spécificités, on notera une étanchéité garantie à 100 mètres de profondeur minimum, une parfaite lisibilité dans l’obscurité totale, un indicateur de marche, une lunette tournante, une résistance aux chocs et une attache solide du bracelet.  

Nombre de Maisons se sont positionnées très tôt sur ce créneau, notamment pour répondre aux exigences des plongeurs professionnels et aux cahiers des charges de différents corps d’armée. À mesure que les activités de plage et de nautisme se sont développées, tout comme les attraits de la plongée sous-marine, les horlogers capables de proposer de tels modèles se sont multipliés. Aujourd’hui, l’offre sur de telles montres taillées pour les abysses est ainsi devenue pléthorique, avec ou sans légitimité historique, avec ou sans complications, mais immanquablement avec une sensibilité écologique à laquelle les Maisons de la branche nous avaient peu habitués jusqu’ici. Et pour une raison bien simple : avec des montres de plongée dont on ne cesse de vanter les mérites, impossible d’ignorer le triste état des milieux aquatiques pour lesquels elles sont faites. En d’autres termes, il ne suffit plus de proposer des produits, aussi parfaits soient-ils, sans tenir compte de leur environnement naturel susceptible de ternir la magie qu’ils suscitent. Résultat : en matière de protection des océans, les horlogers se jettent à l’eau.

Deux Maisons font preuve d’un engagement sans faille dans ce domaine. Deux acteurs incontournables des montres de plongée depuis des décennies, à savoir Rolex, qui a fait œuvre de pionnier avec son modèle étanche Oyster de 1927, et Blancpain, qui se lançait dans les profondeurs marines en 1952 avec sa Fifty Fathoms créée selon un cahier des charges établi pour les nageurs de combat de la Marine nationale française. Chez Rolex, les modèles Oyster, qui représentent des symboles de durabilité depuis près d’un siècle, ont inspiré un véritable état d’esprit. « Il y a derrière la couronne Rolex une réflexion sur notre place dans le monde et une volonté d’œuvrer au bien commun, explique la Maison. C’est ce que nous appelons le Perpetual Spirit. » Inspirée par des montres conçues pour durer, Rolex s’engage ainsi pour les générations futures via des actions concrètes. Et elles sont nombreuses. Face à l’état d’urgence écologique, Rolex n’a donc pas lésiné sur les moyens et a lancé de nombreux projets réunis depuis 2019 sous l’appellation générique « Perpetual Planet ». Cette initiative « soutient ceux qui utilisent la science pour comprendre les défis environnementaux de la planète et qui trouvent des moyens de rétablir l’équilibre de nos écosystèmes, notamment les océans, soumis à de nombreuses pressions », selon les termes de la Maison.  

Autant dire que les océans occupent une place de choix au sein de Perpetual Planet. Ce qui se traduit par toute une série d’appuis, notamment dans le domaine de la recherche océanographique, afin de mieux connaître ces biotopes à protéger. On notera, entre autres, le soutien apporté à Mission Blue de Sylvia Earle, pionnière de l’exploration sous-marine. Lancé en 2010, Mission Blue a pour objectif de favoriser la création de zones protégées – les Hope Spots –, essentielles pour la survie de nombreuses communautés. Depuis 2014, le nombre de Hope Spots est passé de 50 à 112 avec comme objectif ambitieux de protéger 30 % des océans d’ici 2030, contre quelque 8 % actuellement. Depuis 1974, Rolex est également associée à l’organisation Our World Underwater Scholarship Society, qui œuvre pour la protection des océans avec l’aide d’une vaste communauté scientifique. Soutien également aux expéditions « Under the Pole », qui repoussent les limites de l’exploration sous-marine. Sans être exhaustif, et de loin, cet aperçu permet de mesurer toute l’importance de l’engagement Rolex en faveur de la planète. De toutes les grandes aventures humaines du xx^e siècle, la Maison mise aujourd’hui sur le génie humain pour poursuivre sa mission.  

Blancpain est exactement dans le même état d’esprit. « L’exploration et la préservation des océans ont toujours représenté une préoccupation essentielle pour Blancpain. Tout au long de l’histoire de la Fifty Fathoms, qui s’étend sur près de 70 ans, la marque a tissé des liens étroits avec des explorateurs, des photographes, des scientifiques et des spécialistes de l’environnement conscients de la valeur inestimable de ces ressources précieuses. Ces affinités l’ont incitée à apporter un appui substantiel à d’importantes activités et initiatives dédiées aux océans. » Aussi la Maison multiplie-t-elle les initiatives sous l’intitulé « Blancpain Ocean Commitment ». Ces dernières années, cet engagement s’est notamment traduit par un soutien à l’initiative Pristine Seas ayant comme objectif l’exploration et la protection des rares régions océaniques encore intactes. Soutien également au projet Gombessa de Laurent Ballesta consacré à l’étude des créatures et des phénomènes marins les plus rares et les plus difficiles à observer. Le grand public n’est pas négligé pour autant puisque Blancpain organise des expositions de photographies sous-marines et apporte sa contribution au concours photos mis sur pied par l’ONU dans le cadre de la Journée mondiale de l’océan, dont la Maison est partenaire. Parrainage encore du World Ocean Summit, organisé par The Economist, et soutien apporté à la mission d’observation du grand requin-marteau, sans oublier la récente association avec Oceana, la plus grande organisation internationale dédiée à la conservation des océans.

Ces deux exemples de Rolex et Blancpain montrent à quel point les horlogers sont prompts à se mobiliser en faveur de la mer et des océans. Car derrière ces deux tribuns, la cohorte s’allonge. Sur les rangs : Panerai, dont l’histoire des montres de plongée remonte à 1936 avec la Radiomir, mais aussi Alpina, Audemars Piguet, Breguet, Breitling, Carl F. Bucherer, Certina, Hublot, IWC, Jaeger-LeCoultre, Omega, Oris, Tudor, Ulysse Nardin…, qui soutiennent tous la cause des océans avec ferveur via des partenariats conclus avec les ONG les plus pointues du secteur quand ces marques ne participent pas à des initiatives et autres projets ponctuels. Avec la mer, les Maison horlogères ont assurément trouvé une cause environnementale qui colle à leurs aspirations profondes. Il est certes plus facile de soutenir financièrement de justes projets que de faire le ménage dans ses filières d’approvisionnement. Cet engagement n’en montre pas moins une disposition d’esprit indispensable pour faire partie de l’aventure du xxi^e siècle en tant que Maisons qui défendent des valeurs éthiques d’intégrité et d’authenticité.