Le cahier des charges était des plus limpides. Le groupe de réflexion en charge de définir les fondamentaux de la marque Baume, sœur cadette de Baume & Mercier, s’est en effet rapidement entendu sur les trois piliers devant constituer l’architecture de la Maison : e-commerce, personnalisation via un configurateur en ligne et connexion avec les nouvelles générations. Et sur ce dernier point, pas question de hurler avec les loups, le chant des sirènes se voulait disruptif. Chez Baume, il est ainsi question d’écologie via l’utilisation de matériaux recyclés et recyclables, de développement durable sur la base des principes d’une économie circulaire impliquant zéro stock et des circuits courts. Il est question également d’engagement socialement responsable en écartant notamment les produits d’extraction minière ou d’exploitation animale. Le tout sous-tendu par un impératif incontournable : que la valeur perçue corresponde intimement au produit fini afin que le discours ait des accents de vérité indiscutables dans le segment de prix allant de 500 à 1’000 euros.
Une marque de rupture
Pari tenu, et en un temps record. Quelque 18 mois auront été nécessaires pour mettre en orbite cette 12e enseigne du pôle horlogerie-joaillerie Richemont. Une première pour un groupe davantage rompu aux acquisitions, comme on a encore pu s’en rendre compte cette année avec les rachats de Yoox Net-A-Porter et Watchfinder, qu’à la création d’entreprise. Un pari doublement tenu, d’ailleurs, vu que Baume a défrayé la chronique à peine la marque portée sur les fonts baptismaux. Et pour une raison bien simple : la multinationale présentait rien de moins qu’un nouveau modèle d’affaires, en contrepoint avec les pratiques des marques séculaires de son portefeuille et dans un costume taillé sur mesure pour les milléniaux. Six mois plus tard, Baume a-t-il remporté la mise ? « Nous sommes très contents de ce lancement, car nous avons très rapidement gagné un succès d’estime, voire de l’enthousiasme auprès de certains publics, explique Marie Chassot, une ancienne de Roger Dubuis et de Baume & Mercier nommée à la tête de Baume. Comme nous sommes en rupture avec les codes horlogers traditionnels, je passe beaucoup de temps à expliquer l’ADN de la marque. Mais cette première étape consistant à gagner l’adoubement des clients comme de la presse et de nos pairs était très importante. C’est un signe que nos choix ont été cohérents. »