Il y a des chiffres qui donnent le vertige. Selon la banque d’affaires américaine Jeffries, le poids des dépenses en biens personnels de luxe réalisées en Chine devrait passer des 38 % enregistrés en 2019 à quelque 80-85 % du marché mondial en 2020. Une explosion qui s’explique par de nombreux facteurs à commencer par la reprise économique qui s’est très vite manifestée en Chine au lendemain du confinement, sans qu’une deuxième vague de la pandémie vienne assombrir ces perspectives, comme c’est le cas presque partout ailleurs dans le monde. La restriction des voyages est également à prendre en compte en sachant, par exemple, que les dépenses de luxe des ressortissants chinois en Europe ont représenté 51 % du marché global en 2019, selon la banque. Une manne qui se déverse désormais à l’intérieur des frontières. Certes, dans les années à venir, l’importance de la Chine dans les ventes mondiales de produits de luxe devrait baisser par rapport aux niveaux actuels mais pour se stabiliser aux alentours de 60 %, toujours selon Jeffries : « En réalité, cette tendance était déjà prévue à l’horizon 2025, mais avec le Covid-19 cela s’est réalisé en quelques mois. »
Cap à l’est
Si ces estimations de Jeffries sont quelque peu tempérées par les projections d’autres analystes, comme Bain & Co, sur le fond, personne n’en conteste la validité. D’autant que les statistiques disponibles leur donnent parfaitement raison. Celles émanant de la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH) font partie de celles-là : « La baisse affichée par les exportations horlogères suisses a progressivement perdu de la vigueur au fil des mois, explique la FH dans son dernier commentaire. Durant le mois de novembre, l’équilibre a presque été atteint, avec une légère diminution de 3,2 % par rapport à novembre 2019. Ce résultat s’explique principalement par un retour en force de la Chine, après un mois d’octobre moins dynamique. » En chiffres, cela veut dire que les expéditions de montres vers l’Empire du Milieu ont affiché une hausse de 69,5 % en novembre par rapport à la même période de 2019. Sur 11 mois, la progression est de 17 % malgré un premier trimestre catastrophique en Asie (- 35,7 %), quoique déjà moins prononcé en Chine (- 14,7 %).