En sachant que les montres à complications représentent des années de recherche et de développement, on aurait pu croire que les Maisons les plus impliquées dans ce type d’exercice de haute voltige auraient volontiers temporisé, éludant un millésime 2025 des plus incertains pour revenir en force dans les douze mois à venir. Le Salon Watches and Wonders Geneva 2025 a clairement apporté un démenti à de telles supputations. Notamment en raison de nombreux anniversaires célébrés en 2025 qui ne souffrent, évidemment, aucun report. Le premier et le plus saisissant concerne Vacheron Constantin qui fête cette année ses 270 ans d’existence sans interruption d’activité. Un exploit ! Or tout exploit mérite célébration. En l’occurrence avec une pièce à la mesure de cette exceptionnelle longévité et des savoirs qui l’ont entretenue. C’est donc avec la pièce unique Les Cabinotiers Solaria Ultra Grand Complication - La Première que la Maison décroche la lune, soit une montre double face qui « s’inscrit dans cette longue tradition de montres dédiées aux particularités du système solaire et à la fascination qu’elles exercent, précise la Maison. Avec ses 1’521 composants, 41 complications et 13 demandes de brevets, elle constitue une prouesse inégalée en termes d’innovation, de complexité mécanique et de miniaturisation ».
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COMPLICATIONS. COMPLICATIONS. COMPLICATIONS. COMPLICATIONS
Le futur horloger, ce sont des limites à dépasser
de Christophe Roulet
Face aux anciens « qui ont tout inventé », les Maisons horlogères ont largement dépassé leur complexe d’infériorité pour proposer des montres à complication à faire pâlir l’ancienne garde. Un tour d’horizon à Watches and Wonders Geneva 2025 s’impose.
De record en record
Cette quête d’absolu, on la retrouve également auprès d’autres Maisons attachées à repousser sans cesse les limites horlogères. C’est notamment le cas de Bulgari qui signe avec son Octo Finissimo Ultra Tourbillon son dixième record de finesse. « Mieux qu’un record, la nouvelle Octo Finissimo Ultra Tourbillon de Bulgari est un manifeste, explique la Maison. En parvenant à intégrer un tourbillon squelette dans la platine d’une montre dont l’épaisseur totale ne dépasse pas 1,85 mm, la division horlogère suisse du joaillier romain synthétise son expertise horlogère autour de la plus emblématique des complications horlogères ». Autre Maison, autre record. C’est du côté du poids qu’Ulysse Nardin s’est penchée pour proposer la montre de plongée mécanique la plus légère jamais réalisée. « Conçue au cœur d’un écosystème de start-ups, la Diver [AIR] associe titane, silicium, CarbonFoil et Nylo®-Foil dans une construction squelettée, précise Ulysse Nardin. Elle ne pèse que 52 grammes, bracelet compris, et moins de 46 grammes sans celui-ci. Étanche jusqu’à 200 mètres, elle résiste à des chocs de 5’000 G ».
Les limites sont ainsi faites qu’elles méritent d’être transcendées. Du moins aux yeux de certains horlogers toujours à la recherche de solutions extrêmes. C’est ainsi à la quête de précision que Grand Seiko a notamment dédié ses recherches. Des recherches qui ont porté leurs fruits, comme on a pu s’en rendre compte à Genève. « L’héritage de précision horlogère de la Maison atteint de nouveaux sommets avec l’introduction du calibre Spring Drive 9RB2, qui reçoit la nouvelle désignation U.F.A., pour « Ultra Fine Accuracy » ou précision ultrafine, explique Grand Seiko. Ce mouvement révolutionnaire affiche un niveau de précision défini non pas en secondes par jour, par semaine ou par mois. Le calibre automatique U.F.A. présente une précision stupéfiante de ±20 secondes par an, ce qui en fait le mouvement de montre-bracelet entraîné par un ressort moteur et régulé par un oscillateur à quartz le plus précis à ce jour ».
Calendrier perpétuel et tourbillon
En marge de cette pluie de records, nombre de propositions horlogères se sont également distinguées dans le registre des grandes complications, à commencer par A. Lange & Söhne et son modèle Minute Repeater Perpetual ou Roger Dubuis qui célébrait son 30e anniversaire avec une montre d’exception. « Cette création est un hommage à M. Roger Dubuis, qui rêvait de fabriquer des montres introuvables ailleurs », expose la Maison. Auréolé du Poinçon de Genève, la montre dévoile une esthétique inattendue avec la combinaison d’un calendrier perpétuel, d’une répétition minutes et d’un tourbillon volant ».
En termes de calendrier perpétuel, pas moins de 16 Maisons exposantes semblaient bien s’être donné le mot. Cette complication, qui a la particularité d’offrir une lecture du calendrier sans aucun ajustement nécessaire avant 2100, se retrouve notamment chez Frederique Constant, IWC Schaffhausen, Panerai, Parmigiani Fleurier ou encore Vacheron Constantin et Patek Philippe qui l’intègre dans sa collection Twenty~4.
Autre incontournable : le tourbillon. Ce type de régulation breveté il y a plus de deux siècles continue de faire florès, notamment chez AArnold & Son, Chopard, H. Moser & Cie. ou Hublot. Une mention spéciale pour Czapek qui, avec sa nouvelle Antarctique Tourbillon, propose un mouvement entièrement conçu et réalisé en interne avec des exigences esthétiques bien précises. « Le principe fondamental était que les trois éléments clés - tourbillon, rouage et barillet - soient révélés côté cadran, parfaitement alignés sur l'axe vertical et apparaissant aussi aériens et légers que possible, détaille Czapek. Le tourbillon volant ajouré semble ainsi planer entre la platine et le cadran ». Pour ce qui est de planer, les aficionados présents au salon ont assurément pu en faire l’expérience, non sans un sentiment de vertige devant de telle démonstrations de maestria horlogère.