C’est un antre secret, camouflé dans des bâtiments de béton gris anonymes, quelque part près du Port franc de Genève, quartier en pleine transformation. À l’intérieur et sur plusieurs étages, vision hallucinante, s’y camoufle une véritable manufacture doublée d’ateliers artisanaux. Chez Salanitro, on compte ainsi pas moins de 38 CNC dernier cri et 190 collaborateurs, dont 80 sertisseurs qualifiés, voire hyper qualifiés. Partout, mais en toute discrétion, la sécurité est maximale : des coffres sont en effet disséminés dans les dizaines de pièces et sur tous les étages, contenant les montres à sertir ou parfois même fabriquées sur place, pour près de 40 marques clientes faisant partie de la crème de la Haute Horlogerie. Dans ce secteur, Salanitro est capable de tout proposer : la création à partir d’une esquisse papier, la fabrication, le prototypage, la taille et le sertissage des pierres rondes ou de forme, le polissage, le rhodiage, le montage, le contrôle qualité et les réparations. En gros, toute la chaîne est assurée, à l’exception du mouvement.
De la banque à la pierre
En parcourant les étages de 1’500 m² par niveau, on n’en revient pas de ce navire de guerre qui impressionne chaque visiteur. Mais certainement pas le maître des lieux. « Chaque fois qu’un client prend le temps de voir comment nous travaillons, je sais qu’il sera totalement rassuré et le plus souvent que sa commande va être réévaluée à la hausse, sourit Pierre Salanitro, la cinquantaine décontractée. Pour ma part, c’est très naturel d’évoluer en ces lieux, car j’ai vu l’entreprise grandir au fil des ans. » Au départ, rien ne prédestinait toutefois Pierre Salanitro à prendre cette voie. Il fréquentait en effet les couloirs feutrés d’une banque quand le hasard l’amène dans un petit atelier de sertissage. Une révélation ! Il va y apprendre ce deuxième métier en dehors de sa journée professionnelle « normale » pour finalement décrocher son certificat de sertisseur. La crise horlogère des années 1980 l’envoie bien au chômage, mais l’expérience se transforme en opportunité. Il n’a alors pas d’autre choix que de s’établir à son compte.