Sans les femmes, l’horlogerie suisse n’aurait probablement pas atteint les sommets qu’on lui connaît. Et pourtant, cet univers est resté un apanage masculin pendant des siècles. Les garde-temps étaient une affaire d’hommes, pensait-on, produits par des mains mâles pour des poignets virils. Un univers sans considération pour les travailleuses en atelier où l’on « reléguait » volontiers les montres dame au rang d’accessoires qui donnent l’heure. La réalité est assurément tout autre pour autant que l’on se penche sur l’histoire horlogère et les statistiques de la branche. Il n’en reste pas moins que les fables les plus tenaces ne sont pas dépourvues d’un fond de vérité et que les femmes ont – trop – longtemps joué les « utilités » dans le monde horloger. En d’autres termes, il a fallu du temps, de la ténacité, voire de la témérité pour que les femmes sortent des ateliers où les Maisons les employaient à des tâches répétitives, voire dangereuses. Mais qu’en est-il aujourd’hui ?
Si l’on se penche sur le recensement horloger de la Convention patronale de l’industrie horlogère suisse (CPI), on constate dans un premier temps que, à l’aune du marché du travail, le troisième exportateur de l’économie suisse a le vent en poupe. Sur les six dernières années à fin 2023, les effectifs de la branche horlogère ont ainsi enregistré une croissance de 19 % à 65 200 personnes, un chiffre resté stable (+ 0,6 %) en 2024 malgré un climat économique morose. Au sein de ces effectifs, les femmes représentent globalement 42,7 % des emplois. Cette proportion varie peu si l’on considère leur place au sein des activités de production (42,9 %) et d’administration (44,3 %). Cette quasi-parité serait-elle suffisante pour faire taire la critique ? Pas totalement si l’on considère les postes de direction, où la présence féminine se fait nettement plus rare (19,5 %). En d’autres termes, les femmes « luttent » à 4 contre 1 pour ce qui est de la conduite de l’industrie.